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l'ennui pour survivre

L’ennui

L’ennui c’est comme les faux applaudissements répétés chaque minute dans certains feuilletons américains. Rires et applaudissements garantis sur prompteur, mais pas les tiens. Comme ceux qu’on laisse à l’orang-outan torturé dans un cirque ou prisonnier à vie dans un zoo.

Etre contrôlé jusqu’à l’absence d’émotion. Tu t’ennuies, mais on rit pour toi, pauvre téléspectateur, qui avale une soupe de bons mots comme un vermifuge. A chier.

L’ennui c’est comme une moto sans roues, un motard sans moto, une fille sans sourire. Un chien sans maître. C’est un non-sens, un pas de sens, un pas de chance.

L’ennui ne précède pas la fin, c’est la fin. Comme une langue étrange, qui vous dit « je ne m’aime plus ». A quoi bon ? Tout ça pour ça ?

Laisse tes tics, tes perversions esthétiques, le faux semblant. Concentre-toi sur le beau. La simplicité, le vide beau et le beau assez vide pour laisser entrer nos émotions. Tao.

On emplit nos vies de choses laides et de pensées raides, empruntées, imposées et on s’étonne de ne plus voir le beau. Les cheminées de nos vies sont garnies de petits personnages en plastic, de « souvenirs » grotesques, de collections inutiles, qui n’ont comme origine que le marketing de notre enfance et l’exploitation de nos frustrations. Et on n’allume plus le feu de nos sentiments pour ne pas déranger l’image sage. Dégagez il n’y a pas à aimer.

Ce que j’aime dans l’ennui, c’est qu’il nous permet la distance, avec les gens et leurs comportements. Il nous éloigne du vulgaire. On ne peut pas s’ennuyer si on ne pense pas. S’ennuyer c’est penser, c’est s’élever au dessus du commun, c’est survoler l’insignifiance. C’est mesurer la place du doute.

Un de mes anciens amis, gigolo par nécessité et profession, commentera d’un « quelle vanité ! ». Mais il n’a pas compris qu’à force de s’étaler ivre-mort aux pieds des lits de ses bienfaitrices décharnées, il reste au ras du sol, il ne peut plus s’élever, chercher la lumière. Il nivelle, détruit, oubliant que l’homme doit vivre debout. Il est la seule exception à la jolie phrase « on peut tout retirer à l’homme sauf sa fierté » ( Hannah Arendt).

S’ennuyer c’est survivre. Un peu. S’isoler, beaucoup. Se trouver ou se retrouver, certainement.

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